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II - LE DÉPARTCes derniers jours se passèrent lentement et tristement; M. Gargilier regrettait presque d'avoir consenti à la leçon d'ennui et de déception que méritaient si bien ses enfants, Mme Gargilier s'affligeait et s'inquiétait de cette longue séparation à laquelle elle n'avait consenti qu'à regret; les enfants eux-mêmes commençaient à entrevoir que leurs espérances de bonheur pourraient bien ne pas se réaliser, L'heure du départ sonna enfin; Mme Gargilier pleurait, M. Gargilier était fort ému. Simplicie ne retenait plus ses larmes et désirait presque ne pas partir; Innocent cherchait à cacher son émotion et plaisantait sa soeur sur les pleurs qu'elle versait. Prudence paraissait fort mécontente. — Allons, Mam'selle, montez en voiture; il faut partir puisque c'est vous qui l'avez voulu! — Adieu, Simplicie; adieu, mon enfant, dit la mère en embrassant sa fille une dernière fois. Simplicie ne répondit qu'en embrassant tendrement sa mère; elle craignit de n'avoir plus le courage de la quitter si elle s'abandonnait à son attendrissement, et Simplicie voulait à toute force voir Paris. Elle monta en voiture; Innocent y était déjà. Prudence se plaça en face d'eux; elle avait de l'humeur et elle la témoignait. PRUDENCE. — Belle campagne que nous allons faire! Je n'avais jamais pensé. Monsieur et Mam'selle, que vous auriez assez peu de coeur pour quitter comme ça votre papa et votre maman! INNOCENT. — Mais, Prudence, c'est pour aller à Paris! PRUDENCE. — Paris!... Paris!... Je me moque bien de votre Paris! Une sale ville qui n'en finit pas, où on ne se rencontre pas, où on s'ennuie à mourir, où il y a des gens mauvais et voleurs à chaque coin de rue... |